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> Erik Samakh Argentina - Brazil - Chile - Peru 2001/2002
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Le parcours d’Erik
Samakh en Amérique du Sud (Pérou, Chili, Brésil
et Argentine)
L'oeuvre d'Erik Samakh questionne et provoque
nos sens, plus particulièrement la vue et l'ouïe.
Il transforme le visiteur en acteur. Ses créations reposent
sur des installations interactives sonores abordant les thèmes
de l'écologie et de la biodiversité planétaires.
Auparavant l'artiste repère, écoute et enregistre.
Ensuite il nous fait partager son expérience à sa
manière, il nous demande de revisiter les lieux qu'il a
choisis, de rencontrer, de se mettre face au foisonnement, à
l'agitation et au mystère de cette nature inconnue ou oubliée
qu'on redécouvre soudain. Il devient ainsi notre guide
en nous replongeant dans cette complexité originelle. Il
utilise la nature pour mieux la donner à voir. Les installations
d'Erik Samakh sont invisibles, changeantes, imprévisibles
et mettent les visiteurs dans un état d'attention intense
et d'insécurité.
En extérieur, elles dépendent de
la température, de l'humidité, du vent, du soleil.
Les installations montrées à l’interieur,
in-situ, réagissent en fonction du public, de la chaleur,
de la lumière... Le visiteur doit observer, attendre, prendre
un autre rythme. Quand, passe la première surprise, le
calme est retrouvé, ces oeuvres le dirigent naturellement
vers la méditation.
La tournée d'Erik Samakh en Amérique
du Sud a été l'occasion de nombreuses rencontres.
Elle lui aura permis d'affiner plusieurs propositions d'installations
en extérieur et aussi d'investir certains espaces tout
en gardant toujours une grande simplicité dans les moyens
utilisés.
"Les joueurs de flûte":
Les premières flûtes solaires conçues par
Erik Samakh étaient en bambou. Il s'agissait de flûtes
d'environ un a trois mètres comportant en leur sommet une
micro-turbine (micro-ventilateur) alimentée et actionnée
par un capteur solaire. La micro-turbine se met en marche dès
que l’énergie solaire est suffisante. II explore
aujourd'hui des flûtes techniquement plus sophistiquées
avec des tubes en PVC ou en métal à même de
résister aux intempéries. Elles sont utilisées
comme un simple outil et la nouvelle technologie discrète
n'enlève rien au résultat final recherché
et a la poésie de son oeuvre.
Avec la présentation des "joueurs de flûte"
en Amérique du Sud, il s'agit d'un des premiers grands
projets nomades internationaux d'Erik Samakh. Les premières
installations en extérieur se situaient jusqu'à
présent essentiellement en France (" L’Ile aux
oiseaux " dans le marais poitevin, "Parcours sonore",
Parc de la Villette (Paris), "Entre chiens et loups",
au centre d'art du Crestet (Drôme provençale)....).
Dans le même temps de nombreux voyages lui avaient permis
d'enregistrer des sons qu'il a utilisés ensuite dans des
oeuvres in-situ en Europe.
L'installation réalisée au musée
de Açude, situé dans les hauteurs de Rio de Janeiro,
oblige à une promenade d'environ 20 minutes dans la forêt
de Tijuca et place le visiteur non averti dans une position de
précarité. Seuls deux panneaux (un au départ
et un autre placé sur le chemin de terre qui mène
a l’oeuvre) indiquent la route. Le visiteur doit s'enfoncer
dans la forêt sans bien connaître le chemin, tendant
l'oreille pour découvrir la musique des flûtes annoncées.
II vit donc à la fois un soulagement et un ravissement
une fois arrivé aux lieux choisis par l'artiste. Les flûtes
sont invisibles, placées trop haut pour qu'on puisse les
voir et l’oeuvre ne se révèle que par le son.
Mais chacun en aura sa propre perception, les sifflements des
flûtes étant modulés en fonction du passage
des nuages, du vent et de la position du soleil. En Argentine,
une autre proposition de ce type de promenade est envisagée,
cette fois au fil de l’eau, le long des berges du Delta
proche de Buenos Aires. L'installation "Les joueurs de flûte"
a été montrée également à Lima
et au Parc Metropolitain de Santiago du Chili. Celle réalisée
au Musée National d'Archéologie, d'Anthropologie
et d'Histoire du Pérou à Lima était plus
intimiste. En effet les flûtes étaient installées
dans un patio, à l'abri des bruits de la cité.
Dans sa tournée en Amérique du
Sud, outre l'installation des "Joueurs de flûte",
Erik Samakh a proposé plusieurs oeuvres dans certains musées.
II a presenté "Palais d'eau et crapauds" au Musée
d'Art Contemporain de Santiago du Chili (des oeuvres similaires,
aujourd'hui regroupées sous l'intitulé "Pièces
d'eau" avaient été montrées en Hollande
et en France). Au musée de Lima, il a proposé "Les
jarres des voleurs", jeu sonore construit avec des instruments
de musique précolombiens appartenant aux collections du
musée. Cette installation, comme Ie projet à la
Casona de los Olivera en Argentine, utilise des procédés
de diffusion sonore simplifiés par rapport aux anciennes
installations interactives. Ainsi pour "Pierre sonore",
montrée en Corée et en Afrique du Sud et appartenant
actuellement a la Fondation Cartier, des sons d'oiseaux et d'insectes
étaient diffusés a partir d'une pierre éclairée.
Des que l'on s'approchait de la pierre, les animaux invisibles
s'arrêtaient de chanter, comme dérangés. L'effet
inverse est utilisé dans l'oeuvre "Animal en cage"
ou un animal virtuel devient de plus en plus présent au
fur et a mesure de l'arrivée des visiteurs. Cette oeuvre,
appartenant au FNAC, peut être vue actuellement à
São Paulo, à l'exposition "Parade" des
collections du Centre Pompidou.
Ce catalogue tente de témoigner de la
diversité des propositions présentées par
Erik Samakh en Amérique du Sud tout au long des années
2001 et 2002. II est évident que l'écrit ne saurait
décrire dans toute leur réalité les installations
artistiques qu'il faut vivre et écouter dans leur contexte
sud-américain particulièrement bien adapté.
Plusieurs CD existent, un autre est en préparation, ils
pourront compléter cet ouvrage et placer le lecteur plus
près de l'univers poétique d'Erik Samakh.
Marc Pottier
Attaché de coopération et d'action culturelle,
Rio de Janeiro
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